Mes parents

J'ai eu le bonheur et je dis bien bonheur d'accompagner mes deux parents lors de leurs fins de vie qui a été à domicile. Ma mère est décédée en 2008 à l'âge de 85 ans et mon père est décédé en 2016 à l'âge de 94 ans et 6 mois.  J'ai été proche aidante pendant plus de 15 ans. Mon père est demeuré avec moi plus de 5 ans; il était aveugle et sourd. Je serai toujours redevable aux excellents soins à domicile et aux soins palliatifs à domicile du CLSC de Gatineau(secteur Hull). Tous les intervenants de l'auxiliaire au médecin ont non seulement été professionnels et compétents mais surtout avaient des qualités de cœur extraordinaires et remplies de compassion. Sans eux, je n'aurais pu accompagner mes parents dans leurs fins de vie à domicile. Je crois qu'on doit avoir beaucoup de lâcher prise dans de telles étapes de vie. Je n'étais pas là pour voir guérir mais bien laisser la vie suivre son cours. Accompagner pour moi veux dire tout simplement être là et tenir la main.  La fin de vie de ma mère a duré 19 jours et la fin de vie de mon père a duré 11 jours. Ces jours passés auprès d'eux ont été les plus beaux de ma vie car malgré la peine, la fatigue et le manque de sommeil j'étais sereine car mes 2 parents ont été conscients jusqu'à 24 heures avant la mort. Nous avons pu jaser et surtout rire. J'ai pu les toucher le plus possible et leur apporter toutes sortes de petites douceurs.  De cette expérience j'ai appris à démystifier la mort et à l'apprivoiser pour moi-même.  Mon père m'a montré à vieillir dans la sérénité malgré ses handicaps qui ont limité grandement ses dernières années.  Je ne l'ai jamais vu déprimé et il disait toujours 'je ne suis pas riche mais j'ai une vie intérieure très riche'.  Ma mère disait quant à elle 'il y a un temps pour vivre et un temps pour mourir".  Les deux sont décédés paisiblement et sereinement.

En ce qui a trait aux soins à domicile, je me trouve privilégiée d'y avoir eu accès.  Les infirmières étaient à domicile tous les matins pour me préparer les injections à donner, le médecin venait tous les jours et était des plus réconfortant, les auxiliaires étaient là tous les jours pour donner les soins personnels; quoi demander de plus! 

Je souhaite avoir une mort à domicile comme mes parents mais il faut compter sur le support de nos proches.  En deuxième lieu, j'aimerais pouvoir mourir dans une maison de soins palliatifs. 

Et comme disait Félix Leclerc: "c'est grand la mort, c'est plein de vie dedans".

Lucie Piché